Quand tradition rencontre modernité : la médecine minoritaire nord-vietnamienne
La médecine traditionnelle des minorités ethniques du nord du Vietnam est une médecine bien particulière, qui varie énormément d’une région à l’autre, d’une ethnie à l’autre et même d’un individu à l’autre. Notre équipe de recherche s’est intéressée à leur vision de la santé et à leurs pratiques médicales. Ainsi, nous avons pu explorer un univers unique et bien différent de ce à quoi nous sommes habitués.
Les guérisseurs et les chamans que nous avons interviewé nous ont raconté avoir appris leurs savoirs de traditions orales ou de vieux manuscrits transmis de génération en génération dans la famille. Ces traditions, qui semblent à première vue très ancestrales, sont pourtant, aujourd’hui, énormément influencées par la modernité et les nouvelles techniques biomédicales. En effet, au cours de nos entrevues nous avons réalisé que, sur plusieurs aspects, la médecine traditionnelle avait été modifié, soit pour répondre aux nouvelles normes médicales ou simplement afin d’être encore plus efficace. Le gouvernement vietnamien joue un rôle très important dans cette transformation.
En commençant par l’implantation de dispensaires et d’hôpitaux gouvernementaux jusque dans les petites villes des régions très éloignées des montagnes du nord du Vietnam, l’incitation à l’utilisation d’une médecine dite plus moderne de la part du gouvernement se fait sentir de bien des façons. Parmi celles-ci se trouvent également les bourses d’études, payées par le gouvernement, afin que les jeunes minoritaires puissent aller étudier la médecine dans les universités des grandes villes. Les nombreuses affiches de propagande qui parsèment les rues et les nombreuses publicités prônant l’efficacité des antibiotiques présentes dans les villes nord-vietnamiennes jouent également un rôle incitatif.
Propagande pour l’urbanisation et la modernisation de la région de Sapa, dans le nord du Vietnam Photo : Maude Martin
Il en va de même pour les campagnes massives de vaccination qui se rendent, elles aussi, jusque dans les coins les plus reculés des montagnes. Le gouvernement offre même un type d’assurance-maladie aux minoritaires, afin qu’ils puissent avoir accès et être en mesure de s’offrir les soins de santé fournis dans les hôpitaux et dispensaires de leur village.
Paysage rural de la région de Sapa
Toutes ces incitations à adopter la médecine moderne n’empêchent toutefois pas les minoritaires de continuer à pratiquer l’herboristerie et le chamanisme ainsi que bien d’autres pratiques médicales traditionnelles. Au contraire, ce qui en résulte est un mélange de toutes ces façons de faire, de toutes ces écoles de pensées, qui finissent par être utilisées de façon complémentaire. En effet, elles se complètent et se combinent afin tenter, de toutes les façons possibles, de guérir les maladies. Il s’agit donc d’un heureux mélange, qui s’est avéré, pour notre équipe de recherche, fort intéressant à découvrir et à explorer.
