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Récolter le riz tout en profitant de l’industrie touristique

Le tourisme est en essor dans la région du nord du Vietnam. Il suffit de faire un tour dans la fameuse ville de Sapa pour le constater. De nombreux hôtels font partie du paysage, les routes de terres deviennent des routes en asphalte et beaucoup de locaux adaptent leur maison pour y accueillir des touristes. De femmes marchandes à propriétaires de maisons d’hôte en passant par danseuses traditionnelles, plusieurs femmes minoritaires ethniques profitent de cette réalité pour en retirer un salaire. Après m’être entretenue avec quelques-unes d’entre elles, j’ai constaté une constante chez les interviewées : malgré leur emploi dans l’industrie touristique, elles ont conservé leur métier d’agricultrice. Je me suis donc intéressée aux raisons de s’adonner à ces deux occupations, ainsi qu’aux aspects positifs et négatifs de ces gagne-pains.


La plupart des femmes sont en accord pour affirmer que l’emploi dans le tourisme n’est pas suffisant à lui seul pour faire vivre une famille. Le travail dans les rizières est donc nécessaire pour le bien-être des enfants. Beaucoup de propriétaires de terres ne font que de l’agriculture de subsistance, c’est-à-dire qu’ils récoltent le riz que pour leur consommation personnelle. Alors, les femmes conservent leur occupation de paysanne pour contribuer à garnir les assiettes de leur famille et le travail additionnel avec les touristes leur permet de s’enrichir un peu plus, sans vivre dans l’abondance.


Femmes travaillant à la rizière (Photo : Maude Martin-Malenfant)

Selon la majorité des interviewées, être agricultrice est plus difficile que de travailler avec les touristes. Les conditions de travail sont moins favorables : elles passent de longues journées à la chaleur étouffante ou sous de grosses pluies. Parfois les récoltes ne sont pas toujours bonnes, ce qui joue sur leur moral et bien sûr leur capacité à se nourrir. Par contre, le travail à la terre permet aux femmes d’être en présence de leur famille, puisque presque tous les membres contribuent à l’entretien de la rizière. De plus, il semble plus naturel pour les femmes d’être paysanne, puisque c’est le chemin qu’a suivi la grande majorité de leurs ancêtres.

Femme essayant de vendre des souvenirs à une touriste (Photo : Marika Fontaine)

Quant au travail dans le tourisme, beaucoup de points positifs ont été abordés par les femmes. La plupart travaillent chez elles ou à quelques minutes de marche de leur demeure. Alors, les mères peuvent amener leurs enfants durant leurs journées au boulot. Tandis que lorsqu’elles travaillent aux champs, ce sont les grands-parents qui doivent s’en occuper. De plus, le contact avec les touristes permet aux femmes d’avoir une ouverture sur le monde ainsi que de faire de nouvelles rencontres. Par contre, ce n’est pas toujours rose. Des touristes peuvent être irrespectueux face aux femmes, certains sont bruyants et d’autres ne font pas attention à l’environnement, en jetant des déchets sur le sol par exemple.


Il est donc possible de conclure que chaque occupation à ses pours et ses contres, mais un bon équilibre entre les deux permet aux femmes minoritaires de gagner un salaire et de nourrir la famille. De nos jours, le gouvernement vietnamien achète de plus en plus de rizières pour développer de petites régions en grands attraits touristiques. Cette pratique pourrait nuire aux minorités, puisque sans rizière, elles deviennent dépendantes de l’économie de marché. Il n’y aurait alors pas de retour en arrière possible…


Marika Fontaine


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